Dans la Caraïbe, comme dans les Outre-Mer, se croisent des pratiques culturelles diverses. En effet, ces territoires se manifestent comme étant des “carrefours de civilisations”. C’est cette idée que défendent les penseurs de la créolité dans un contexte où les Antilles-Guyane des années 80 connaissent de multiples positionnements identitaires.
Quels sont ces différents courants ayant parcouru les populations insulaires ?
D’une part, il y a une Blanchité imposée par les esclavagistes, une Négritude pensée premièrement par Paulette Nardal puis reprise par Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ainsi que Léon-Gontran Damas et enfin une Indianité revendiquée dès les années 70. Les lignes des auteurs martiniquais Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant et Jean Bernabé avec la publication en 1989 de Eloge à la Créolité, expliquent alors cette identité complexe des peuples créolisés.
La créolisation prend donc naissance dans un système de domination. Ce phénomène et cette particularité sont fièrement portés par les populations d’Outre-Mer en dépit des épisodes subis du fait de la colonisation.
Le créole : une hybridation pour un langage nouveau
Malgré la volonté des puissances coloniales d’effacer et soumettre les populations à un eurocentrisme, une hybridation entre cultures dites “indigènes” opère entre elles dans un champ d’interactions. De façon insécable, se crée également une hybridation des pratiques européennes avec l’incorporation d’éléments propres aux populations déportés.
Nous pouvons alors citer l’exemple de la quadrille guadeloupéenne importée par les colons au XVIIIème siècle. Étant reprise par les populations déracinées sur l’archipel, cette danse, finalement composite, mêle influence européenne et afro-descendante.
La Compagnie Difé Kako illustre ce phénomène de créolisation dans le médium artistique de la danse quadrille avec la création de son spectacle Cercle et demi cercle au Carré. C’est un langage nouveau qui est obtenu de par l’incorporation et l’hybridation d’éléments de musiques électroniques, de danses contemporaines, krump, hip-hop, voguing, etc. mélangés au gré d’une musique accordéonesque et percussionniste.
Une identité multiple
Ainsi, dans la Caraïbe et les Outre-Mer, la créolité se compose de : l’africanité, l’indianité, européanité et cela de manière indivisible. Il est alors impossible de penser ces territoires sans se rendre compte que la culture créole est multiple et que celle-ci structure les pratiques culturelles ainsi que les rapports dans une unité pluri-forme. Les groupes ethniques ont participé à l’élaboration et la composition d’une identité à part entière. Au final, comprendre l’identité créole c’est aussi regarder son histoire et la richesse des pratiques culturelles, ses croyances et voire même la langue créole qui en a découlé.
La créolité représentée dans le festival Mois Kréyol
C’est donc dans un souci de sauvegarde et de valorisation de cette culture que le festival Mois Kréyol existe. Bien que la compagnie Difé Kako porteuse du projet soit spécialisée en danse et en musique, ce festival se veut inscrit dans une pluridisciplinarité de manière à représenter au mieux l’abondante richesse des territoires d’Outre-Mer.
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Afin de mieux cerner ces notions et repères, Raphaël Confiant explique dans cette interview avec RFI ce qu’est la créolité.